Être disponible à ce qui arrive
Le Journal de rue est allé à la rencontre de deux personnes qui rayonnent l’une sur l’autre dans le cadre de leur lien avec le Réseau d’amis de Sherbrooke. Mme St-Louis bénéficie des services de cet organisme depuis trois ans, à la suite du décès de son mari. « Il me traitait comme une princesse, il faisait tout pour moi. Hélas, quand il est parti, je me suis trouvée bien démunie et j’ai senti une angoisse qui me paralysait. »
La dame, qui a de graves problèmes aux yeux, avait de fréquents rendez-vous à l’hôpital, mais sans possibilité d’y aller par elle-même, elle jonglait avec l’idée d’abandonner ses rendez-vous. Heureusement, elle a fait appel au Réseau d’amis de Sherbrooke. Ce coup de fil a changé sa vie. Elle a agi activement et obtenu réponse à ses besoins. « Le service d’accompagnement-transport me rassure, je n’ai pas de stress, car une personne bénévole reste tout le temps à mes côtés à l’hôpital, rapporte Mme St-Louis, et je fais la connaissance de personnes qui ont toutes une grandeur d’âme. Ce sont des anges! »
Une de ces anges se nomme Suzanne Beaudette. Ce qui prédestinait cette femme généreuse et lumineuse à offrir ses services comme bénévole, c’est une folle envie de partir en mission à dix-sept ans – ce rendez-vous raté avec la vie l’habite encore aujourd’hui. Après des études en théâtre, elle se lance en administration, volet études de marché et vérification d’impôts. Ce qui l’intéresse au premier plan, c’est la psychologie (du consommateur). Cet intérêt pour l’autre la guide même une fois retraitée. Aujourd’hui encore, c’est avec le cœur qu’elle écoute. « La bienveillance est un prérequis pour une personne bénévole, affirme tout de go Suzanne Beaudette. On doit veiller et porter attention aux besoins des personnes qu’on accompagne dans un établissement de santé, à une institution financière ou pour des visites à un conjoint en perte d’autonomie. Je m’efforce de rester centrée et spontanée. »
Depuis plusieurs années, son implication au sein de l’organisme lui apprend la patience, l’acceptation du ici et maintenant. Son sens de l’humour (et parfois du théâtre aussi!) lui est utile pour désamorcer certaines situations. « Je garde ma joie, je reste branchée sur ce que je vis. Je me souviens toujours du conseil (voir encart) de ma grand-mère Émilia, alors que je pleurais ma première peine d’amour, et je me demande ce qui pourrait faire une différence dans le moment présent de la personne que j’accompagne. Une fois, il m’est arrivé d’emmener une dame qui allait voir son mari en CHSLD. Elle était très affectée par le fait que son homme pleurait sans arrêt à chacune de ses visites. Elle n’arrivait pas à le consoler. Je suis entrée dans la chambre et je lui ai demandé pourquoi il pleurait tant. Il avait peur, car dans son esprit, des soldats se tenaient dans le corridor et menaçaient d’entrer pour le tuer. Je voulais le dégager de la peur qui habitait son esprit. Je lui ai tout simplement dit que j’avais réglé le compte des soldats et placé deux gardes à l’entrée de sa porte. Il a séché ses larmes et dit à sa femme « Garde-la, celle-là, elle est de notre bord! » Aider, c’est être capable d’échanger avec l’autre pour comprendre sa souffrance. Être présent quoi! »
Le Réseau d’amis de Sherbrooke
Cet organisme communautaire existe depuis 1975. Il naît à l’instigation d’une poignée de bénévoles de la Popote roulante de Sercovie qui constatent la grande solitude des personnes recevant des repas à domicile. Le Réseau d’amis s’est fixé comme mission de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des aînés de 65 ans et plus, par ses services visant le maintien à domicile et le développement d’un réseau social significatif. « Trois types de services aux aînés sont offerts grâce à des bénévoles, précise la coordonnatrice des services, Mme Vicky Dussault : le jumelage personnalisé (visites amicales ou appels téléphoniques), l’accompagnement-transport et le Groupes de sorties. Depuis 2001, de nombreux services sont également offerts aux proches aidants.
Pour être bénéficiaire
Vous êtes une personne de 65 ans et plus, vous vivez de la solitude dans votre milieu de vie ou avez certaines pertes d’autonomie? Appelez et faites part de vos besoins. Que ce soit pour un appel téléphonique réconfortant, une visite amicale à domicile ou pour bénéficier d’un service d’accompagnement pour un rendez-vous médical. Différents critères d’admission s’appliquent selon les services demandés.
Pour être bénévole
Si vous souhaitez vivre une expérience humaine significative en tant que bénévole, cet organisme est pour vous. Le Réseau d’amis est à la recherche de personnes respectueuses, empathiques et possédant une bonne écoute pour joindre son équipe de bénévoles. Vous disposez d’une heure par semaine pour le jumelage ou d’une demi-journée par semaine pour de l’accompagnement? Toutes sortes d’implications sont possibles. Le bénévole cependant doit répondre à tous les critères de sélection fixés par l’organisme. De la formation est aussi offerte.
La population du Québec vieillit rapidement. Selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec, le quart des Québécois seront âgés de 65 ans ou plus en 2031. En 2017, on comptait près de 1700 centenaires au Québec, soit plus que le double qu’en 2001. Le Réseau d’amis a du pain sur la planche… et pour longtemps!