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Aller à l’université pour apprendre et… créer

1 avril 2019 | Par Christiane Lahaie | Voix libre

On a souvent l’impression que l’Université est une tour d’ivoire, de forteresse inaccessible. Pire encore, on perçoit ces institutions comme étant des lieux où la réflexion et le savoir scientifique l’emportent toujours sur l’émotion. Or, il s’agit aussi de milieux où l’humain trouve sa place, parfois dans un climat de compétition, certes, mais toujours dans une ambiance propice à la remise en question des certitudes et à la rencontre avec le Monde. 

Christiane Lahaie
Christiane Lahaie, directrice du Département des lettres et communications, Faculté des lettres et sciences humaines

Pour ma part, j’avais besoin de m’y exprimer d’une manière plus libre. Disons « artistique », à défaut d’un meilleur terme. C’est pourquoi j’ai choisi d’aller vers la création littéraire. Mais je voulais également réfléchir à ce qu’est la création : à ce qu’elle exige, à ce qu’elle permet de faire et de dire. Alors, j’ai choisi la création littéraire… à l’université. 

Les programmes de création littéraire existent depuis le milieu des années 1970 dans les universités québécoises. L’Université de Sherbrooke a d’ailleurs été une pionnière en la matière, avec des professeurs comme Richard Giguère, Robert Giroux et le regretté Joseph Bonenfant, notamment. Des écrivains de partout dans la province sont venus ici pour parfaire leur art, en approfondir un aspect ou explorer de nouvelles voies. 

Aujourd’hui, il est même possible de s’initier à la création littéraire, soit par des ateliers offerts par l’Université du troisième âge, soit en s’inscrivant au Microprogramme de création littéraire, ce dernier permettant de s’initier à l’écriture et à l’étude de textes littéraires divers. Si j’ai opté pour de longues études, un parcours tel que le mien reste facultatif. Car l’université ne forme pas des écrivains. Elle offre des pistes pour canaliser des intuitions, se forger des outils combinant l’intellect, les cinq sens et les affects, pour produire des textes à la fois personnels et captivants. 

Par exemple, un atelier sur les « formes narratives brèves » permet d’expérimenter l’écriture de la nouvelle littéraire, laquelle nécessite précision, concision et justesse du vocabulaire. Un autre, sur l’écriture dramatique, initie le dramaturge en herbe aux caractéristiques de l’écriture pour le théâtre ou le cinéma. 

Aujourd’hui, après avoir enseigné à l’Université de Sherbrooke pendant plus de 20 ans, après avoir accompagné des étudiantes et des étudiants qui sont devenus à leur tour professeur(e)s ou écrivain(e)s, je comprends que j’ai choisi le plus beau sentier qui soit. Je n’ai pas formé des auteur(e)s, mais j’ai contribué à donner confiance à des personnes qui avaient du talent et qui n’osaient pas y croire. 

C’est aussi ça, étudier à l’université : se faire dire qu’on peut y arriver, à condition d’y mettre du sien. Et que requiert la création littéraire ? Y mettre du sien, avec rigueur et conviction. Un gros contrat ? Oui. Mais la vie n’en est-elle pas un ? 

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