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Camelots

J’ouvre mon livre

1 octobre 2019 | Par Sylvain Jodry | Camelots

Début septembre, je vais passer à la tv communautaire pour parler du Journal de rue. Je travaille très fort pour le Journal et j’aime cela très fort. Je communique beaucoup avec le public, je socialise en écoutant les problèmes du monde. J’aime beaucoup les personnes âgées et les gens qui ont un handicap dans la vie. Le monde m’apprécie et me félicite pour ma bonne humeur et la propreté de ma personne. On tourne la page de mon livre, face à mon sujet.

Sylvain Jodry
Je travaille fort en vendant le Journal de rue pour la cause des itinérants et de la classe moyenne.

Je viens d’une famille pauvre de 13 enfants à Chicoutimi. Mon beau-père nous battait moi et mes quatre frères de la famille Dancause. Il nous rejetait et nous faisait la vie dure (en nous donnant des coups de « strape » et de tisonnier, on manquait de nourriture, etc.)

Mon vrai père c’est Jean-Noël Claveau, je ne l’ai vu que quatre fois dans ma vie, il est mort à 40 ans. Je n’ai pas eu de figure paternelle . À la place, j’ai eu le malheur d’avoir un tyran  comme beau-père. Ça fait que j’ai connu la violence à l’école, où je n’étais pas un bon élève, mais un bon batailleur. Je me tenais avec une grosse gang à problèmes (alcool, drogue, prison).

J’ai fait du mal à du monde en les blessant. Maintenant, je me reprends en faisant du bien. Avec mon vécu, je donne de précieux conseils à mes clients pour éviter qu’ils ne se fassent mal avec une certaine soif de justice. Je suis passé par là. J’aide le monde à s’en sortir, en étant camelot du Journal de rue.

Les gens me demandent si je suis dans la rue. Eh bien, non, je suis retraité sur la rente maladie à cause de ma colonne. J’ai trop forcé chez un pomiculteur où j’étais contremaître. Mon boss en a engagé un autre, on est là comme un numéro.

J’ai connu ma femme dans une discothèque. Je sortais avec elle alors que ma belle-mère l’a mise dehors, en plein hiver. Je l’ai prise sous mon aile pour faire une vie de couple. Nous avons eu des enfants, j’ai fait vivre ma famille. Je me suis occupé de mes enfants en bon père de famille. On était supposés se marier. J’ai payé pour le mariage, mais en travaillant fort, je me suis aperçu qu’elle me trompait. Six mois avant le mariage, je l’ai quittée, mais j’ai continué à m’occuper de mes enfants.

J’ai payé pension et eu la garde partagée.

J’ai payé les études de mon deuxième pendant trois ans, je travaille fort en vendant le Journal pour la cause des itinérants et de la classe moyenne. Mon gars Dominique, qui a la sclérose en plaque, s’est fait opérer pour des pierres au foie, il a un trou à l’estomac. Il n’existe aucun remède. Sa santé baisse très vite. Je pense beaucoup à mon fils lorsque je suis seul.

Je consulte une physiothérapeute, ça fait quatre fois que je la vois à mes frais. Je ramasse mes sous pour enterrer mon gars et je gâte mes petites-filles.

Je remercie mon fidèle lectorat et le public.

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