Pourquoi rester dans la rue?!
On sait qu’il y a des ressources pour aider les personnes sans-abri à manger et à se loger. À Sherbrooke, on pense à l’Accueil Poirier qui offre un hébergement pour la nuit ou à la Chaudronnée de l’Estrie qui nourrit les gens dans le besoin. Alors pourquoi reste-t-il des gens qui souffrent et choisissent de rester dormir à la belle étoile, même quand les conditions climatiques deviennent risquées pour leur santé ou pour leur vie?
À chacun son histoire : il y a autant de parcours qu’il y a d’humains dans la misère. L’un évitera à tout prix les refuges à cause de l’anxiété aigüe qu’il éprouve en se retrouvant dans un dortoir rempli de gens inconnus qui pourraient être violents ou lui voler le maigre bien qu’il possède. Pour un autre, il n’y aura tout simplement pas de place ce soir en hébergement. On lui offrira tout de même un moment de répit entre les murs de l’organisme, selon les moyens du bord.
Une famille dysfonctionnelle peut conduire un jeune à la rue, sans qu’il n’ait pu développer tous les outils nécessaires à sa propre autonomie. Un conjoint violent poussera une femme à n’avoir plus aucune estime d’elle-même et à finalement le quitter sans avoir un sou en poche, ni connaître un endroit sécuritaire où aller. Un état précaire de santé mentale combiné à la difficile gestion d’un maigre chèque d’aide sociale augmente le risque d’une personne fragile de ne plus être apte à conserver son logement… S’ensuit un enchaînement d’événements qui ferait perdre ses moyens aux plus sains d’entre nous! Quand la somme des ennuis dépasse la capacité d’adaptation d’une personne, on ne peut qu’atteindre le fond qui, comme le trou du terrien du lapin blanc dans Alice aux pays des merveilles, n’en finit plus de nous faire tomber et tomber encore plus bas.
Pourquoi rester dans la rue? Parce qu’on ne voit pas de solution ; parce qu’on a essayé trop souvent, qu’on a chuté trop longtemps ; parce que la vie et les autres ne semblent plus vouloir de nous… Parce que la détresse a pris trop de place dans notre cœur malade d’avoir subi tant de souffrances et que, peu importe les moyens que l’on prend (même s’ils sont parfois de très mauvais choix), on n’arrive pas à s’en sortir.
Qu’est-ce qu’on peut y faire?
Les ressources financières manquent pour ces organismes qui tiennent à bout de bras le filet social des plus démunis. C’est en partie ce qui explique que certaines personnes n’aient pas accès à une place d’hébergement à Sherbrooke ou ailleurs au Québec. Le sujet de l’itinérance n’est jamais une priorité dans les discours électoraux. Si la cause vous préoccupe, il serait intéressant de porter à l’attention de vos élus fédéraux, provinciaux et municipaux que la pauvreté et l’itinérance constituent un problème de société qui mérite des actions concrètes et un meilleur financement de leur part.