Ma vie en temps de COVID
J’aime regarder les photos de ma famille qui ont été prises il y a longtemps. Ça me permet de me rappeler plein de souvenirs. Je les regarde et c’est comme si j’étais dans ce temps-là. J’aime regarder celles de ma mère avec qui je suis resté jusqu’à sa mort. C’est un peu triste, mais j’aime ça me replonger dans ce temps-là.
Il y a aussi celles de mes frères et sœurs à différents moments de leur vie. J’ai surtout conservé celles des affaires drôles. Parfois, après les avoir regardées, je téléphone à une de mes soeurs. On parle des vêtements qu’on portait à l’époque et de souvenirs qui nous font rire. « Te rappelles-tu la fois que… ? ». Souvent, cette phrase commence notre conversation qui peut durer plusieurs minutes.
Quand je téléphone à ma sœur Lise, c’est la plus vieille des filles, je lui demande quelle herbe pourrait m’aider à soigner un début de rhume. Elle a étudié les plantes pendant longtemps. Dans son grand jardin, il y en a de toutes les sortes en plus des légumes et des petits fruits. Quand je vais chez elle, je mange des fraises, des framboises, des bleuets, du cassis. Eux autres sont amers. Avant, elle gardait des lapins, des poules, des oies, des chèvres et de beaux gros cochons. Manger un rôti de porc ou du jambon de ces bêtes-là, c’était incroyablement bon.
Parmi ses remèdes de grand-mère, il y a l’herbe à dinde pour faire baisser la fièvre. Elle en fait sécher pour l’hiver. Ça a une drôle d’odeur, mais ce n’est pas désagréable. Pour elle, l’ail c’est la meilleure plante. On devrait en manger tous les jours. Elle dit que ça purifie le sang et que ça renforce le système immunitaire. Quand on a le nez bouché, elle suggère de mâcher un bout de racine de raifort. Après, ça dégoutte comme les érables dans les grosses coulées. Remplacer le poivre par de la cayenne aide aussi à diminuer les effets d’un rhume ou d’une grippe. Attention c’est fort, on en met rien qu’un peu!
Qui dit rhume et grippe ne peut pas rester indifférent à la COVID-19. Depuis mars passé qu’on en parle. Le 8 novembre dernier, le gouvernement annonçait qu’il y avait eu 6 455 morts de cette « bébitte ». C’est beaucoup de monde. Mais est-ce que c’est vrai? Je ne sais plus qui a raison.
J’ai arrêté de distribuer le Journal en mars et ça ne fait pas longtemps que j’ai recommencé. Est-ce que je vais être encore obligé d’arrêter parce que le nombre de malades augmente et qu’il y a plus de morts? Les quelques piasses que je ramassais en vendant le Journal mettaient du beurre sur mon pain et j’ai pris le goût du beurre. Mais je vais suivre mon gros bon sens. Je ne veux pas donner la grippe à mon voisin, je vais donc faire attention pour ne pas passer la COVID à quelqu’un et risquer qu’il en meure. Mais c’est « plate » pareil. On peut à peu près plus sortir.
Yvan Gosselin, camelot du Journal de rue