Ma tête qui ne bourgeonne plus

1 août 2021 | Par Sarah Gauthier | Poésie, vol. 19, no 4

Parle-moi des contours de l’horizon  

L’aurore fuyant parmi les arbres  

Tes journées émiettées au gré du vent  

 

Je ne sais plus la nature sous ma peau pavée d’asphalte  

Rien ne germe que d’images éphémères au goût de pétrole  

 

Comprends-tu? 

J’ai beau arroser les cabanes ne poussent pas l’hiver  

Je vide toutes mes bouteilles pour te grandir un abri  

Perds le bout des doigts, quelques orteils et l’envie d’en sortir intacte  

 

Couche-toi près de moi  

La neige sait comment mourir  

Retrouve-moi la douceur d’un gilet  

Des mains dévouées tricotant sous la chandelle  

Elles se souviennent : les étoiles s’éteignent en silence  

Mais brillent longtemps après leur mort  

 

Il m’en faut un  

La faille entre mes poumons a besoin de chaleur  

Mais nos travailleuses démissionnent par manque de laine et d’amour 

 

Je cherche dans les recoins de la ville un mur ombragé aux clématites fleuries  

Le relâchement que permettent nos espaces souverains  

Je trouve rarement un safe space  

D’endroits où déposer ma tête qui ne bourgeonne plus  

 

En équilibre sur ta poitrine le monde semble moins bruyant  

Il faudra que tu me tiennes  

Mes chevilles pliées dans ta poche de chemise  

Dans la rue cœur contre cœur  

Guérir ensemble 

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