À travers les yeux de Camille
Elle a grandi, elle a fait un doctorat en littérature française à McGill, enseigne maintenant au cégep de Sherbrooke et est aussi éditrice au Cheval d’août. Après Je n’ai jamais embrassé Laure, voici son plus récent roman : Pratique d’incendie, aussi publié chez Leméac. Cette fois, elle jongle avec la fin de l’enfance. Kiev Renaud emprunte ici le regard de Camille, une pré-ado sans histoire, hantée par la mort lorsqu’elle réalise qu’on peut mourir à tout instant.
Même très jeune. À l`âge où tout se vit pour la première fois, la fillette mène une enquête à sa hauteur et documente toutes ses observations dans son Journal de mort. On s’attache à cette Camille, on la croit. On aimerait tant la rassurer, bercer ses angoisses, apaiser ses peurs.
Le texte est dense, l’écriture resserrée, les chapitres pourraient s’apparenter à des nouvelles. Dans une entrevue accordée à Lynda Dion sur les ondes de CIBL à Libraire de force, Kiev confesse qu’elle a mis près de quatre ans à ciseler ce court roman (environ 120 pages) expurgé d’un manuscrit de près de quatre cents pages. Il ne fallait pas de redites ni de surplace, il fallait garder l’essentiel. C’est réussi. Dès l’âge de quinze ans, elle publiait Princesses en culottes courtes. Je n’étais pas très loin d’elle et j’écrivais ceci à son sujet : « Kiev Renaud ne retient rien. Elle donne tout, entièrement. Elle n’est jamais bien loin de son carnet de notes. Tout l’inspire : une boîte de petits pois, les lacets de vos souliers, un mot échappé. ». De toute évidence, l’enfance est un formidable terrain de jeu pour Kiev Renaud : elle n’a pas fini d’en faire le tour et réussit cette fois encore à nous attendrir tant par sa poésie que par sa sensibilité exacerbée. Ne cherchez pas trop loin, c’est elle la reine de la montagne!