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Livres
vol. 19, no 5

Kukum, une arrière-grand-mère au milieu des arbres

1 octobre 2021 | Par Pierrette Denault | Livres, vol. 19, no 5

Nombreux sont les articles, les études et les mémoires, de même que les thèses sur la littérature autochtone qui est de plus en plus présente dans l’espace littéraire. Depuis quelques mois, la Biblairie GGC lui consacre même un étal au complet où sont regroupés les livres de la grande poétesse Joséphine Bacon, ceux de Laure Morali, Naomi Fontaine, Tanya Tagaq, Natasha Kanapé Fontaine et de bien d’autres.

Michel Jean fait partie de ce groupe. L’auteur est connu, il est chef d’antenne à TVA et journaliste d’enquête. Innu de Mashteuiatsch, il nous offre un récit empreint d’une grande sensibilité et d’un amour profond pour sa kukum – son arrière-grand-mère Almanda Siméon. Une Blanche qui a vécu à la dure au milieu des arbres avec les Innus de Pekuakami au début du siècle dernier. Le lecteur entend la voix de cette femme courageuse (le texte est écrit au JE) et assoiffée de liberté qui, par amour, a suivi son Thomas en menant à ses côtés une vie de nomade depuis l’adolescence. Au fil des chapitres, on la verra adopter le mode de vie du clan innu qui lui fera la belle part. Elle chassera, elle trappera, pêchera, fera du portage, apprendra la langue. Elle mettra au monde des enfants, qu’elle élèvera dans les plus pures traditions et qu’elle s’appliquera à instruire. C’est une femme libre, cette kukum. On la suit pas à pas dans ces contrées austères et à nulle autre comparables où elle s’enfonce avec le clan dans la région de Pekuakami, sur la Péribonka, jusqu’au Lac Manouane. Mais qui était donc cette Almanda Siméon? Le prologue nous en apprendra davantage sur les origines inattendues de cette petite fille blanche adoptée à l’âge de 4 ans. Écrit en courts chapitres, le récit est agrémenté de photos et s’ouvre sur une carte géographique utile. Le livre a remporté le Prix France-Québec à l’automne 2020 et connaît un succès retentissant. « Je n’ai pas la prétention de croire que ma famille est si importante qu’elle justifie un livre, dit Michel Jean à La Presse. Je voulais juste qu’à travers des personnages authentiques qui incarnent de vraies valeurs, les gens ressentent ce que les Autochtones ont ressenti. » Il peut dire mission accomplie.

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