Être marginalisé n’empêche pas de marginaliser

4 octobre 2022 | Par GRIS Estrie | Communautaire, LGBTQ+, vol. 20, no 5

Au début de ma vingtaine, j’ai découvert ma bisexualité. Ayant toujours craint le rejet, faire mon coming out a été un grand défi. Je n’étais qu’un « bébé gai », soit quelqu’un qui vient de découvrir son orientation sexuelle et qui fait ses premiers pas dans la communauté.

Suzie Guinard s’apprête à devenir technicienne en travail social. Présentement adjointe administrative et chargée de communications au GRIS Estrie depuis près d’un an, elle désire continuer à travailler auprès des communautés 2SLGBTQIA+ en tant qu’intervenante après ses études. Crédits : Rébecca Janson

À l’époque, je travaillais comme commis dans un magasin grande surface. Seules quelques personnes en qui j’avais confiance savaient que je faisais partie de la diversité sexuelle et ça me convenait amplement. Un jour, alors que je prenais ma pause seule dans mon coin, j’écoutais vaguement les discussions de mes collègues. C’est alors que Sarah (nom fictif), une lesbienne assumée, parlait des différentes orientations sexuelles. Elle expliquait aux autres la différence entre la bisexualité et la pansexualité. Ce qui pouvait être un sujet à débat au sein de la communauté m’a laissée sans mots. « Les pansexuels sont intéressés par la personnalité des gens alors que les bisexuels n’ont d’intérêt que pour le sexe. »

Mode anxiété
Devant ces paroles, mon cerveau est entré en mode anxiété. Si je décidais de faire mon coming out un jour, tout le monde allait penser que j’étais une dépravée sexuelle. Pourquoi les autres ne la croiraient pas; si elle est lesbienne, elle détient une expertise, non? En plus, comme elle était superviseure, si je la corrigeais, elle me détesterait et mon travail en serait affecté. Je ne me sentais soudainement plus en sécurité. Pendant ce temps, elle poursuivait son discours en affirmant que les personnes trans étaient « spéciales » et j’en passe.

Troublée, j’ai fini par en toucher un mot aux ressources humaines. Je leur ai expliqué que l’orientation sexuelle ou le genre (assigné à la naissance ou non) n’étaient pas inscrits dans le front des gens. Ce genre de comportement peut être dangereux pour les membres des communautés LGBTQ+, déjà marginalisés.

Femme arc-en-ciel
L’orientation sexuelle ou le genre n’est pas inscrit dans le front des gens. Crédits : Unsplash

Les messages à retenir
L’expérience m’a fait réfléchir. C’est pourquoi, membres des communautés LGBTQ+, je vous lance le message suivant : serrons-nous les coudes au lieu de mépriser les autres identités. Nous sommes tous marginalisés à un certain niveau et nous devons nous soutenir les uns les autres. Par ailleurs, il importe que tout le monde s’informe afin d’éviter de véhiculer des préjugés. Même s’il est primordial d’écouter les voix des personnes de la communauté, il faut prendre la peine d’aller chercher plus d’un avis. À titre d’exemples, les sites de la Fondation Émergence et d’Interligne regorgent d’informations fiables. Enfin, on doit faire preuve d’esprit critique puisque l’homophobie, la transphobie et la biphobie, pour ne nommer que ceux-là, peuvent également se manifester au sein même de notre communauté.

Suzie Guinard pour le GRIS Estrie

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