Mot du lectorat
Je félicite Monique Turcotte pour le texte « Le temps des gestes lents », qu’elle a publié dans le dernier numéro du Journal de rue de l’Estrie.
J’y ai trouvé un regard de sage, celui du réalisme sensible et apaisé, instruit par l’expérience intime. On devine que c’est à la lumière d’une riche traversée de la vie –nécessairement soumise au chassé-croisé des deuils et des renaissances– que la romancière estrienne nous invite à distinguer ce qu’il est précieux de sauvegarder, ce qu’il est permis d’espérer et ce qu’il est déraisonnable de convoiter.
Par les distinctions qu’elle établit, Monique Turcotte offre une voie de contournement à certaines idées nocives assez répandues. Ainsi, elle remplace implicitement l’injonction floue qu’il faut « accepter notre destin », par celle qu’on gagne plutôt à constater la réalité, avec ses possibilités et impossibilités. De même, à contrepied de l’impératif qu’il faut « vivre dans le présent », elle rappelle qu’on peut aussi puiser dans le réconfort du passé et dans l’espoir tempéré de vivre quelques beaux moments dans le futur. En somme, elle ramène vers les sens véritables de l’amor fati et du carpe diem exprimés par les philosophes d’autrefois, en corrigeant les interprétations trompeuses qu’on en fait souvent dans la culture populaire.
Je salue l’intelligence du texte de Mme Turcotte, exprimé de manière simple, convaincante et charismatique. Nous appartenons à deux générations différentes, mais ses mots n’ont pas moins résonné en moi et j’ai bon espoir qu’ils pourront servir utilement ceux, celles et ciels qui prendront le temps de s’en laisser imprégner.