Une grande oubliée
L’oubli est un affreux voleur. C’est à ces mots de la chanson que je pensais lors du lancement à la Maison bleue de l’opuscule écrit par notre collaborateur Gabriel Martin. Combien de nos personnes aînées sont tombées dans l’oubli une fois complété leur passage parmi nous! L’auteur, animé par une soif inextinguible de mettre en lumière les femmes qui ont laissé leur empreinte dans l’histoire, nous présente cette fois Monique Béchard, celle qu’on surnommait la Simone de Beauvoir québécoise.
Une intellectuelle notable
Bien avant l’heure, Monique Béchard a revendiqué le droit aux études supérieures. Elle n’a rien contre les écoles ménagères du Québec, mais elle veut, comme certains garçons, dont son frère, faire son cours classique. C’est grâce à la discrète générosité de quelques religieuses qu’elle a pu accéder gratuitement au baccalauréat et elle leur en est restée à jamais reconnaissante. En 1947, elle a été la première femme francophone détentrice d’un doctorat en psychologie. Diplômée de l’Université de Montréal, elle a par la suite enseigné dans trois universités (Montréal, Laval et Sherbrooke), a travaillé à l’Hôpital Sainte-Justine. Son champ de compétence : la psychologie des enfants et des adolescents. Elle met à profit un autre talent : l’écriture. On en retrace des jalons entre autres dans Le Devoir, la revue À bâbord, dans les ouvrages Au nom du Père, du Fils et de Duplessis et La pensée féministe au Québec. Les entretiens qu’elle a accordés à Gabriel Martin de même que les recherches documentées de l’auteur ramènent au grand jour la pensée d’une femme déterminée, ambitieuse trop longtemps restée dans l’ombre. Elle est décédée à l’âge de 99 ans le 24 juillet 2022.
L’objectif de l’auteur
Gabriel Martin a eu la chance de s’entretenir avec Monique Béchard en 2016. La monographie de Monique Béchard : une Québécoise pour l’éducation des femmes s’inscrit dans la série « Historielles », une collection qu’il consacre à l’histoire des femmes et à leurs luttes féministes. En ce sens, ce petit/grand livre remplit bien son rôle puisqu’il explore le combat de Monique Béchard, une femme aux idées révolutionnaires. En avant-propos de cet opuscule, l’auteur formule le souhait que « ce petit ouvrage contribue à faire mieux connaître une figure marquante de notre histoire culturelle et, surtout, à stimuler les recherches à son sujet. » La balle est lancée dans le champ des chercheuses et chercheurs.