L’autostigmatisation : avoir des préjugés envers soi
Depuis quelques années, mais spécialement depuis la pandémie, on tend à normaliser les différentes réalités de santé mentale que peut vivre une personne au cours de sa vie. Le discours populaire se veut inclusif et bienveillant afin de déconstruire les stéréotypes et les préjugés entourant la santé mentale. Ne pas entretenir de préjugés envers les autres, c’est une chose, mais qu’arrive-t-il quand la personne vivant une réalité en santé mentale, c’est nous-mêmes?
En effet, on parle très peu de l’autostigmatisation, un concept qui, son nom l’indique, décrit la stigmatisation portée envers soi-même. Cela survient lorsqu’une personne vivant une problématique en santé mentale internalise les stéréotypes défavorables que la société véhicule sur sa réalité. L’autostigmatisation entraîne ensuite des impacts négatifs sur le rétablissement de la personne et sur la suite de son cheminement. Par exemple, la personne peut commencer à croire qu’elle mérite de recevoir des commentaires désobligeants ou encore de se faire bloquer l’accès à des possibilités (emploi, logement, relations interpersonnelles, etc.). Une personne s’autostigmatisant peut aussi commencer à se blâmer pour sa réalité, ce qui entraînera rapidement une diminution de son estime personnelle. Finalement, cette personne peut perdre espoir en ses propres capacités, et donc ressentir une perte de pouvoir d’agir pour elle-même et pour ses projets.
Il est important d’ajouter que notre société se situe dans un système où les problématiques en santé mentale sont très « médicales ». Recevoir un diagnostic et des services dans une approche centrée sur l’hôpital fait en sorte que la personne peut ressentir une perte de pouvoir sur sa situation. Le diagnostic s’accompagne aussi de plusieurs préjugés et d’idées reçues sur ce qu’il implique, et sur l’effet qu’il a sur une personne ou sur sa vie.
En effet, chaque humain a une identité propre qui se bâtit au fur et à mesure qu’il ou elle avance et, bien malgré nous, cette identité est transformée par ce que les autres disent de nous. C’est pourquoi une personne qui reçoit un diagnostic en santé mentale peut internaliser rapidement ce qu’il ou elle a entendu sur cette réalité et ensuite se définir de la même façon.
Pour finir, entretenir des relations interpersonnelles positives avec des personnes de confiance est une bonne façon de se définir autrement que par un diagnostic. Partager nos rêves, notre histoire, nos intérêts avec d’autres permet de continuer à exister comme être humain à part entière, peu importe notre réalité en santé mentale.
L’équipe de La Cordée, ressource alternative en santé mentale