Persévérants, ces camelots !

6 mars 2025 | Par Nancy Mongeau | vol. 23, no 1, Éditorial

Nancy Mongeau, directrice du Journal de rue de l’Estrie
▪ Source : Alyssane Delage-Mongeau © 2021.

En ces mois de froidure hivernale, il m’apparait important de souligner la persévérance des camelots du Journal de rue. Postés à leur point de vente, ces hommes et ces femmes respectent leur horaire de travail, et ce, malgré l’air glacial. Ça prend une bonne dose de courage pour affronter ces températures et assurer la vente de notre média communautaire douze mois par année.

Rappelons que plusieurs de nos points de vente sont situés à l’extérieur et qu’un quart de travail régulier représente 4 heures. Nos partenaires qui disposent d’un espace commercial suffisant peuvent permettre aux camelots de s’installer à l’intérieur, mais il n’en demeure pas moins que les courants d’air sont frisquets, surtout quand la température descend en deçà des -20 degrés Celsius. De plus, les camelots se déplacent souvent à pied à travers la ville et parfois malgré le fait que leurs vêtements ne sont pas nécessairement optimaux au plan thermique ou qu’ils sont chaussés de bottes pas assez chaudes et sans crampons. Quand on sait que leurs ventes représentent le revenu d’appoint dont ils ont besoin pour acheter quelques produits d’épicerie nécessaires à leur bienêtre, on comprend à quel point ce travail est important pour eux. En achetant le Journal de rue directement aux camelots, vous permettez à ces gens de combler une partie de leurs besoins de base.

N’oubliez pas qu’un sourire d’encouragement, qu’un pourboire d’appréciation et tous ces petits gestes que vous leur accordez au quotidien réchauffent le cœur de personnes pour qui la vie a été difficile. Tous ne naissent pas avec les mêmes capacités ni dans les conditions favorables à leur bon développement et sur leur chemin, la vie peut apporter des embûches parfois difficiles à surmonter. Les personnes qui vendent le Journal de rue travaillent avec patience et ténacité dans le but d’améliorer leurs conditions de vie. Elles nous témoignent chaque jour de la gentillesse et de la générosité qu’elles reçoivent de la part de leur clientèle; ces attentions à leur égard les encouragent à continuer à avancer.

Puis, tranquillement, la douceur du printemps s’installe. Durant cette période, nous constatons souvent une augmentation du nombre de demandes d'entretiens d’embauche de futurs camelots. Les gens ayant de la difficulté à se trouver un emploi conventionnel, peu importe la raison, sont accueillis à bras ouverts par notre équipe d’intervenants sociaux qualifiés. Au Journal de rue, outre le fait d'avoir la possibilité de gagner un petit supplément de revenus, les camelots développent leur autonomie et acquièrent une estime de soi et une expérience de travail qui les conduiront peut-être vers l’employabilité, ou à tout le moins, leur assureront la dignité à laquelle ils ont droit.

Partagez
[TheChamp-Sharing]