Inclusif ou pas, le peuple québécois ?
Nous ne sommes pas racistes et la discrimination systémique n’existe pas. Elle n’a pas sa raison d’être en 2025, évidemment, et pourtant… Bien que le visage du racisme ne soit plus le même qu’au début du siècle passé, il est sournoisement présent dans notre culture.
Nous le constatons quand nous pensons à l’immigration, particulièrement depuis que la pénurie de logements sévit ou quand le taux de chômage est élevé. Nous constatons aussi le racisme quand nous rapportons qu’un individu au nom étranger ou à la peau basanée est accusé d’un crime grave et qu’une vague d’indignation se dirige non pas vers l’acte odieux commis par cette personne, mais vers toute sa communauté d’appartenance. Entre vous et moi, je suis certaine que vous pouvez identifier au moins un groupe culturel qui est plus ciblé que d’autres par nos préjugés…
Or, nous oublions parfois (ou nous ne savons pas) que les Canadiens de naissance sont responsables de plus de crimes que les personnes immigrantes dans notre pays. Je vous cite un exemple tiré de l’Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation [sic] qui rapporte qu’au Canada, entre 2017 et 2020, 71 % des hommes responsables de meurtres envers les femmes étaient de naissance canadienne, des gens réputés partager les mêmes valeurs et la même culture que nous, contre 11 % d’immigrants et 18 % d’origine inconnue. Notons que la population canadienne était composée à 23 % de personnes immigrantes en 2021, alors nous ne pouvons non plus parler de surreprésentation. Pourquoi alors vise-t-on des groupes ethniques en particulier quand on pense à ce genre de crime? Souvent, c’est parce que nous sommes convaincus que la majorité d’entre eux ont des valeurs trop différentes des nôtres. Le danger existe bel et bien, mais il se trouve dans toutes les cultures, malheureusement…
Trouver des solutions
Dans tous les cas, où est le problème : dans l’immigration ou dans la société en général ? Criminalité, services de la santé, pénurie de logements; ces problèmes complexes sont aggravés par une multitude de facteurs, mais l’immigration n’en est pas la cause. Nous devrions plutôt viser les iniquités sociales, la pauvreté et le manque d’accessibilité aux soins pour la santé mentale, si nous souhaitons mettre en place des solutions viables.
En général, il semble que la population québécoise ne soit pas opposée à l’immigration, mais nous éprouvons une peur viscérale de perdre les gains obtenus au cours du dernier siècle, tels que la liberté d’expression et les droits des femmes, au profit d’accommodements et d’inclusion mal adaptée. Il est normal de vouloir défendre nos acquis, mais c’est plutôt dans la poursuite de nos actions féministes et sociales que nous les conserverons. Stigmatiser par nos craintes envers un groupe à cause de sa religion ou de sa race est de la discrimination. Le respect fait partie de toutes les religions et de toutes les cultures.
Dans la sphère médiatique et sociale, nous entendons trop souvent des propos qui contribue au racisme. En mettant l’accent sur les problèmes présumés en lien avec les personnes immigrantes, nous alimentons le sentiment de peur qui se généralise vis-à-vis de l’ensemble de la population immigrante et il devient encore plus difficile pour elles de s’intégrer, de se trouver un emploi et un logement, car nous les mettons de côté, volontairement ou non.
Ce que nous découvrons à force de côtoyer des gens aux cultures variées, c’est que nous nous ressemblons plus que nous le pensons… Et c’est pour vous permettre d’en apprendre davantage sur ces gens et sur les organismes qui facilitent leur inclusion dans notre société québécoise que nous vous présentons, dans ce numéro, une série d’articles sur des personnes immigrantes de notre région, par l’entremise des pages Parcours migratoire.
Accueillir des gens souhaitant immigrer ici de la même manière que l’ont fait nombre de nos ancêtres devrait faire partie de la solution, pas du problème.